
Kinshasa , 24 Octobre 2025 ( TOP243NEWS ).-À moins de trois semaines de l’ouverture de la 30ᵉ Conférence des Parties sur le climat (COP30), prévue du 10 au 21 novembre 2025 à Belém (Brésil), la République démocratique du Congo (RDC) monte en puissance sur le front climatique.
Le gouvernement, à travers la ministre de l’Environnement, du Développement durable et de la Nouvelle économie du climat, Marie Nyange Ndambo, a annoncé deux initiatives clés lors d’un spéciale briefing de presse conjointe animé avec le ministre de communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya Katembwe dans la soirée du mercredi à la RTNC 1 :
1. Le lancement de la toute première Semaine congolaise du climat, qui se tiendra à Kinshasa du 27 octobre.
2. La présentation d’une feuille de route nationale pour la COP30, définissant les priorités climat de la RDC et sa posture en tant que « pays-solution ».
Comme objectifs affichés :
Harmoniser les acteurs publics, privés et de la société civile congolaises autour d’une vision commune avant le sommet international : « Nous devons parler d’une seule voix », a affirmé Marie Nyange.

Mettre en avant le rôle stratégique de la RDC, forte de l’immense bassin forestier du Congo, dans la régulation climatique mondiale : « La forêt, c’est nous », thème retenu pour la Semaine du climat.
Présenter des projets concrets : par exemple, le corridor « Couloir vert Kivu-Kinshasa », et une politique d’économie verte et de marché carbone.
La Semaine congolaise du climat, qui se déroulera à Kinshasa à partir du 27 octobre, est présentée comme un moment de dialogue, d’ateliers et d’expositions réunissant chercheurs, ONG, acteurs publics et investisseurs. Elle s’inscrit dans la logique de préparation à la COP30, afin que la RDC arrive à Belém avec une position claire, unifiée et crédible.
Dans ce canevas stratégique, la RDC annonce plusieurs axes forts :

Un Centre régional d’excellence sur le marché du carbone à Kinshasa.
Le mécanisme de Paiements pour Services Environnementaux (PSE) récompensant les efforts des communautés dans la préservation forestière.
Une alliance renforcée avec d’autres grands pays forestiers (Brésil, Indonésie) pour faire entendre la voix des pays détenteurs de forêts tropicales.
Une participation accrue aux mécanismes internationaux de financement climatique et de justice climatique.

La RDC est l’un des acteurs majeurs de la préservation environnementale mondiale : son bassin forestier est parmi les plus vastes après celui de l’Amazonie. Cela lui confère non seulement une responsabilité, mais aussi une opportunité : celle de se présenter non seulement comme victime des changements climatiques, mais comme acteur, voire « pays-solution ».
La tenue de la Semaine congolaise du climat en amont de la COP30 marque une volonté de montée en maturité diplomatique et climatique : de la coordination interne, de l’inclusion de la société civile, de la formulation d’une stratégie. Le choix de « La forêt, c’est nous » comme slogan témoigne de l’affirmation de la dimension nationale de cette stratégie.
Les enjeux à surveiller :
Que la position de la RDC reste cohérente et forte lors de la COP30 : une voix fragmentée affaiblirait ses arguments.
Le financement climatique : la RDC devra transformer ses ressources naturelles (forêts, biodiversité) en atouts dans les négociations, face à la pression pour des financements à hauteur des efforts.
L’articulation entre protection environnementale et développement économique : ce sont les aspects «économie verte, marché carbone, corridor forestier» qui seront cruciaux.
L’inclusion des communautés locales et autochtones : étant donnée la grande dimension forestière, la RDC doit s’assurer que ses stratégies ne restent pas uniquement institutionnelles, mais intègrent les réalités sur le terrain.
Le suivi et la mise en œuvre : annoncer est une chose; exécuter en est une autre. Les prochains mois seront importants pour que les engagements se traduisent en actions concrètes.

La RDC semble passer un cap dans sa démarche climat : de plus en plus structurée, articulée et diplomatique. En lançant la Semaine congolaise du climat et en présentant une feuille de route nationale à l’aune de la COP30, elle affirme sa volonté de jouer pleinement son rôle. Reste à voir comment cette stratégie sera mise en œuvre et comment cette voix nationale sera portée sur la scène internationale.
Willyeve Diakuantinu.